Groenendael - Les verts Galants

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Le Groenendael
On pourrait l'appeler ATHOS, le beau ténébreux, vêtu d'une fourrure noire à la fois somptueuse et austère. Ses origines sont plutôt aristocrates : il est né au château de Groenendael, dont il tire son nom.
Extrait du livre "LE BERGER BELGE", de Madame AUBRY Jacqueline
Dans les dernières années du siècle écoulé, M. Beernaerts, grand amateur de chiens, remarque, dans son travail au troupeau, un chien noir qu'il acquiert à Feluy-Arquennes et ramène avec lui dans sa propriété d'Uccle. Ce chien, du nom de « Picard d'Uccle », est l'Adam des Bergers Belges à poil long d'aujourd'hui qui sont tous ses descendants.
Il répond très bien aux normes édictées par le professeur Reul, c'est un petit chien d'un ensemble râblé, aux petites oreilles caractéristiques. De caractère gai, toujours en mouvement, bien équilibré au moral comme au physique.
Il devient peu après la propriété de M. Rose, restaurateur au Château de Groenendael qui a déjà élevé des Bergers Belges noirs, possède plusieurs femelles et dont l'affixe d'élevage « de Groenendael » devient ultérieurement le nom même de la variété.
A cet élevage, Picard d'Uccle produit régulièrement avec la femelle Petite, formant avec elle le couple de base de la variété, mais il sert également d'étalon pour la grande majorité des lices Bergers Belges à poil long, non seulement les noires mais également les fauves, appartenant aux premiers amateurs de la variété Tervueren.
Avec Petite il donne Pitt de Groenendael, et Duc de Groenendael qui devaient le perpétuer le plus souvent. Ce sont des petits chiens ardents au possible très bien construits, à la fourrure largement marquée de blanc au poitrail et aux pieds. Parmi les femelles Bergère, Margot, Marah et   Baronne. En dehors de la production de Petite, le mâle    César (LOSH 5852) et la femelle Olga (LOSH 6154) sont ses produits les plus connus, cette dernière s'affirmant comme la meilleure reproductrice des qualités paternelles.
Olga (Picard d'Uccle x X...) unie à son demi-frère Pitt de Groenendael (LOSH 6148) (Picard d'Uccle x Petite) donne naissance à Dax (LOSH 6147) gagnant du championnat en 1906 et à Frida (LOSH gagnante de l'époque, suivie de près par ses sœurs Cléa et Mirza
« Pitt de Groenendael » (Picard d’Uccle x Petite) uni par ailleurs à des chiennes d’origine plus ou moins bien connue, produit des chiens de qualité parmi lesquels les meilleurs sont Rita de Kockelberg, Keber, Brack et Topsy.
Dès ce moment on possède déjà, grâce à la valeur et au caractère des premiers sujets obtenus, la matière suffisante à un élevage en consanguinité poussée, sans risques exagérés, en vue de la fixation génétique du type.
Un nouvel étalon de valeur mais d'origine différente entre alors dans l'histoire de l'élevage du Groenendael ; il s'agit de Pek Zwet, ce qui signifie« noir comme de la poix » en dialecte local. Ce chien est fils de Sam également noir mais au sous­poil clair qui est lui-même issu d'un poil long gris bringé.
Uni à des produits très consanguins descendant de Picard d'Uccle, Pek Zwet permet, à la deuxième génération, la naissance de « Champion Filou » (son petit-fils), LOSH 8313, le plus grand gagnant belge avant la guerre de 1914, qui devient l'étalon de l'élevage du M'nu Bos à Maurage. Cet élevage est bien connu des amateurs français puisque c'est l'un de ses produits (descendant de Champion Filou), « Champion Brigo Brigand du M'nu Bos », qui devait devenir, après la Première Guerre mondiale, le pilier de l'élevage français, surtout par l'intermédiaire de son fils, Champion Pitou des Barricades.
Une alliance de Pek Zwet et de Bergère (Picard d'Uccle x Baronne) se retrouve de même dans les antécédents de Fantôme et Démon de l'Enfer, grands gagnants belges dont une branche de lignée subsiste encore en France chez de nombreux sujets de premier plan descendants de l'union d'Anick de la Sente et de Championne Manon de la Sente.
A ce moment, l'élevage du Berger Belge est déjà florissant en Belgique. De nombreux amateurs se sont passionnés pour ce petit chien terriblement séduisant qui a su en quelques années triompher des difficultés inhérentes au début de la fixation d'une race. Les expositions réunissent des lots de quatre ­vingt à cent sujets et les luttes y sont acharnées. Plein de fougue mais naturellement obéissant, ce « diable noir » s'est admirablement adapté aux épreuves de défense en ring et s'y hisse très vite au niveau des meilleurs. « Jules du Moulin », un chien de grande taille pour l'époque, très largement ganté et cravaté de blanc, s'y distingue particulièrement et en devient l'incontestable champion.
Parmi les diverses variétés de Bergers Belges, le Groenendael a pris le départ le plus rapide et détient au maximum la faveur du public. C'est à cette époque que les premiers éléments sont importés en France, mais ce n'est qu'après la première guerre que l'on pourra vraiment y parler d'un élevage suivi de la race.
L'occupation de la Belgique par les Allemands au cours de la guerre 1914-1918, les terribles conditions de vie qui en décou­ lent sont alors fatales à de nombreux élevages, entraînant la perte de bien des sujets de valeur, fruit des efforts patients des dix ou quinze dernières années, privant l'avenir de la race de géniteurs qui auraient pu être précieux. Par-ci par-là, des acharnés arrivent à sauver, à garder et à nourrir un chien, mais ce ne peut être que des sujets isolés, aucun cheptel d'élevage ne peut résister aux conditions ali­ mentaires proches de la famine qui sont imposées par l'occupant. Après la victoire des Alliés, les amateurs se regroupent, se remettent au travail, répertoriant les quelques sujets sauvés du désastre et tous unissent leurs efforts mais il faut plusieurs années pour panser les plaies résultant des hostilités, avoir à nouveau des reproducteurs n'ayant pas été carencés, attendre que les jeunes arrivent à l'âge adulte.
Ce n'est guère qu'aux environs de 1925 ou 1927 que les éleveurs ont vraiment reconstitué leur cheptel et repris une sélection sérieuse. Les expositions belges réunissent à nouveau des lots importants de Groenendaels de bonne qualité d'ensemble avec des sujets de grande valeur de type et de construction. La taille s'est élevée, la puissance et l'ossature ont augmenté puisqu'il n'y a plus de raison de s'en tenir à un chien de petite taille « économique à nourrir ». Les marques blanches au poitrail sont encore fréquentes mais moins étendues. Le Groe­nendael, qui a conservé son expression pétillante, sa vivacité d'allure, prend plus de noblesse avec cette augmentation de taille qui s'accompagne souvent d'une sortie d'encolure plus longue et plus élégante.
Ce chien séduit par son esthétique et, dès ce moment, il se trouve de plus en plus fréquemment entre les mains de propriétaires ne s'intéressant pas à l'utilisation. Son caractère ne s'affaiblit pas mais il manque le plus souvent de l'occasion d'en faire la preuve. Pendant toute cette période de l'entre-deux-guerres, l'élevage du Groenendael est très actif, 75 C /( de celui-ci se situant dans le Hainaut, principalement à Binche ou aux environs. Les amateurs y organisent des expositions fréquentes où les éle­ veurs s'affrontent avec passion, obtenant tour à tour le meil­ leur résultat. On voit alors triompher successivement les chiens « de l'Enfer », de « la Cavalerie », du « Progrès », du M'nu Bos », etc., puis, plus près de nous, de « l'Infernal » et du « Mont Sara » dont nos sujets actuels descendent tous.
Après les quatre dures années d'occupation de la Seconde Guerre mondiale, le cheptel belge se retrouve très amoindri, mais il semble que les Groenendaels s'en sortent mieux que les autres variétés puisque les « noirs » peuvent très vite repren­dre le dessus grâce à un cheptel réduit certes, mais compor­tant des sujets de haute qualité. L'élevage du « Mont Sara », qui a beaucoup produit en consanguinité et créé un type qui lui est propre (mais que beaucoup, dont je suis, ne considèrent pas comme un idéal car s'écartant singulièrement du standard) disparaît assez rapi­ dement, son propriétaire quittant lui-même ce bas monde dans les années 1950. L'élevage de « l'Infernal », qui a toujours été son grand rival et dont les produits ont souvent été préférés des éleveurs français, tient alors incontestablement la tête des éleveurs de la variété en Belgique, jusqu'à la mort de son propriétaire, le regretté Jean Baudoux. Celui-ci a tout particulièrement fait naître, en 1945, de l'union d'une femelle noire et d'un mâle noir à sous poil gris (fils direct d'une femelle grise) le prestigieux « Tan de l'Infernal », qui va lui servir d'étalon pendant toute sa vie et se révéler un extraordinaire raceur. Par l'intermédiaire de son fils « Willy du Chemin des Dames » ou de sa fille « X'Woendale de l'Infernal » (et souvent des deux à la fois), ce chien est l'ancêtre de tous nos meilleurs Groenendaels français actuels
D'autres excellents élevages belges se créent ensuite parmi lesquels on peut citer : « La Baraque de Planches », « Les Forges Monceux », « Van Nekkerberg Ter Leie », etc., qui enregistrent tour à tour de très beaux succès, mais nous ne retrouvons plus à l'heure actuelle, dans le pays d'origine, ces superbes empoignades réellement sportives entre sujets se tenant de très près et s'entrebattant d'un dimanche à l'autre.
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